« Lire
c’est s’absenter du monde
Lire
c’est être seul avec le monde entre les mains
Lire
c’est être seul en compagnie des autres
Lire
c‘est réfléchir avant de passer à l’acte
Lire
c’est prendre le temps de penser
Lire
c’est imaginer
Imaginer
c’est se mettre à la place de l’Autre
Lire
est un humanisme
Lire
c’est être avec l’autre et soi-même
Lire
et écrire c’est le début de l’appartenance au monde
Écrire
c’est répondre à cette solitude
Sans
la remplir
Sans
imaginer la combler
Écrire
c’est affronter la vie
Écrire
c’est être du côté du lecteur
Ni à
sa place ni au-dessus
Écrire
c’est compter sur l’intelligence
Écrire
c’est être seul aussi
Mais
pas tout seul tout isolé
Écrire
c’est chercher l’autre en soi
On
peut en faire une maladie
On
peut en faire un métier
On
peut en faire une extase
Écrire
c’est incontrôlable mais grammatical
Écrire
c’est poser des questions sans réponse
Écrire
c’est répondre à des questions pas posées
Écrire
c’est refuser les mots de la concorde comme ceux de discorde
Écrire
c’est semer le désordre en ravivant la langue
Écrire
est un humanisme et une malédiction
Écrire
me tient debout mais creuse aussi des gouffres (*) »
(*) Marie
DARRIEUSSECQ, Des livres et des hommes, N° 69, premier
trimestre 2008, p. 31
Ecrivaine et psychanalyste française
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire