« Autour de moi, une jeunesse malpropre
considère l'ignorance comme un devoir. »
Alain BOSQUET, La fable et le fouet, Paris,
Gallimard, 1995, p. 83
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Le lundi 3 septembre 2012 sera indubitablement
une date mémorable donc historique pour toute la jeunesse estudiantine
ivoirienne. En effet, c’est ce jour que s’est faite l’ouverture officielle des
universités ivoiriennes rénovées après plus d’un an de fermeture pour cause de
réhabilitation. Comme l’a dit le Chef de l’Etat « La décision de les
fermer a été l`une des plus difficiles à prendre mais elle était
nécessaire». La facture aussi est très salée : 110 milliards (selon
AFP) gérés par le Programme Présidentiel d’Urgence. Il n’est point besoin de
démontrer que les plus hautes autorités ivoiriennes sont préoccupées par le
challenge de la remise en marche d’universités ivoiriennes dignes de ce nom.
C’est un défi pour elles. Cet article n’a pas la prétention d’être exhaustif ou
d’épuiser la question. C’est juste une contribution afin de susciter le débat
sur la problématique essentielle de l’émergence du modèle de l’étudiant
nouveau avec le départ nouveau annoncé dans les universités publiques ivoiriennes.
Car il faut bien le dire, l’étudiant ivoirien n’a pas bonne presse et surtout
une image positive dans l’imagerie collective nationale et même internationale.
Les NTICs et la formation de l’Etudiant Nouveau
« L’analphabète du XXIè siècle
sera celui qui ne saura pas utiliser un ordinateur. » avait prévenu
Bill Gates, le richissime américain fondateur de la célèbre Microsoft.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont
révolutionné la manière de comprendre et de gérer le monde. On parle même
aujourd’hui de gouvernance électronique. Dans plusieurs pays développés les
NTICs sont utilisées pour promouvoir le développement durable en essayant de
réduire la consommation de papiers dans les services publics et privés. En
Europe cela a même créé un débat sur ce qu’on appelle la
« e-démocratie ». (Cf. Moustapha MBENGUE, « Contribution de
l’Internet à l’affirmation de la démocratie en Afrique noire francophone : le
cas du Sénégal », Thèse de Doctorat en Science de l’Information et de
la Communication Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis, 334 p. soutenue
le 20 octobre 2009 Sous la direction du Pr. Claude BALTZ, accessible sur
internet ; Dominique BOURG, Kerry WHITESIDE, La démocratie Internet. Le
citoyen, le savant et le politique, La République des idées/Seuil, 2010)
Concernant l’université ivoirienne, qui se veut innovante, c’est une aubaine à
ne pas rater.
Facebook, Twitter et blogosphère
Les réseaux sociaux sont devenus tellement
influents que plusieurs d’entre nous internautes en avons fait presqu’une
confidente. Sans souscrire à la thèse qui voudrait que l’émotion soit nègre et
la raison hellène, les jeunes africains dans leur immense majorité n’ont retenu
que de ceux-ci (facebook et twitter) que leur utilisation
« émotionnelle ». Pendant qu’ailleurs ils ont été le vecteur de
changements et de mobilisation pour des causes citoyennes (Révolution en
Tunisie, mouvement « Y en a marre » au Sénégal), ici (en
Afrique noire) on utilise ces puissants moyens de communication comme
autocélébration personnelle. Ces réseaux sociaux sont utilisés pour faire sa
publicité c’est-à-dire montrer et partager ses photos, s’enorgueillir de sa
suffisance matérielle ou physique etc. certains mêmes à des fins
condamnables comme des arnaques et autres faits cybercriminels.
Pour cet étudiant nouveau que nous appelons de
tous nos vœux, ces réseaux sociaux devront servir de tremplin à l’acquisition
de nouvelles connaissances et pour l’organisation de débats enrichissants et
constructifs. Par exemple chaque niveau de chaque faculté ou d’UFR devrait
impérativement créer un groupe sur facebook ou un blog pour faire partager en
temps réel des informations de dernière heure comme les changements de salles
de cours, des dates de compositions, l’absence ou la disponibilité d’un
enseignant et aussi et surtout des conseils et astuces pour mieux comprendre un
cours ou traiter un sujet. On utilisera aussi les forums pour organiser des
débats et faire des sondages et des propositions en vue de l’amélioration de
certains services de nos UFR : liste de travaux dirigés, affichage de
résultats, réclamations après les compositions, corrigés d’exercices et autres
exposés à déposer…
Nous suggérerons une utilisation
« massive » d’un outil bien connu de communication en l’occurrence
« skype » en vue de permettre aux étudiants d’échanger entre eux et
surtout avec les enseignants sur des sujets utiles comme par exemple des cours
ou des sujets importants ayant un lien avec sa formation. Des enseignants
pourraient même enregistrer leurs cours en format audio ou des explications
approfondies pour les mettre sur ces réseaux sociaux ou sur youtube par
exemple. Dans ce cas au lieu de mettre des musiques dans leurs gadgets high
tech (portables, ipad, iphone …), les étudiants devront télécharger ces cours
audio.
C’est le lieu de manifester notre infinie
gratitude au gouvernement et surtout au Chef de l’Etat pour avoir installé des
bornes wifi sur les campus en vue d’un accès gratuit à une connexion internet
d’une exceptionnelle qualité. Mais nous pensons que cela doit être accompagné
d’une politique pour faciliter l’acquisition d’ordinateur portable ou de
mini-ordinateur par les étudiants condition sine qua none pour faire profiter
un maximum d’étudiant. Cela a bien marché au Sénégal par exemple. Cela
permettra à l’étudiant qui se voudrait sérieux et consceint de multiplier ses
sources d’acquisition de connaissances nouvelles et de se perfectionner en
usant avec intelligence de cet outil, internet, dont on ne mesure pas encore
pleinement l’efficacité sous nos tropiques. Il pourra même entrer en contact
avec des condisciples d’autres pays dont il partage les mêmes intérêts. Il faut
cependant mettre en garde contre certains comportements qui pourraient mettre à
mal les innovations annoncées : nous voulons parler de l’épineuse question
de la piraterie et par conséquent celui des téléchargements illégaux de
musiques. Des esprits simplistes pourraient nous reprocher cette mise en garde.
Même dans plusieurs pays occidentaux ce problème se pose avec acuité
actuellement au point où en France cela a du faire l’objet de débats et de vote
de loi au parlement même. On pourra aussi mettre en garde le personnel
d’encadrement et les enseignants contre ce qu’on pourrait appeler « la tricherie
ou la fraude high-tech ». Il s’agit ici d’aller au-delà de la tricherie
classique lors des exercices et compositions mais celle par exemple des
mémoires de recherche de fin de cycle qui pourraient résulter de plagiats. Des
milliers de travaux de recherches sont en ligne, la tentation sera grande. Si
même des enseignants ont été soupçonnés dans ce domaine, c’est qu’il faut se
méfier aussi de leurs disciples qui somme toute sont souvent des partisans du
moindre effort. C’est connu. Cela veut incontestablement dire que la
question est importante ne mérite donc pas d’être rejeté aux calendes grecques.
Quelques
suggestions pour la naissance de l’étudiant nouveau :
-être
responsable et savoir qu’il a obligation de résultats en matière d’excellence
et de mérite car la société ivoirienne a le droit et même le devoir d’exiger de
lui des engagements après un tel « sacrifice » des contribuables pour
lui offrir les conditions « idéales » d’étude et de travail,
-Faire
la promotion de la saine émulation en rivalisant en excellence dans sa faculté
ou son UFR,
-respecter
l’administration et le Maître. Avoir pour ce dernier une admiration et un
respect perpétuels en l’ayant constamment comme modèle,
-
ce dernier doit savoir qu’il n’y a pas d’avenir par procuration ou pour être
plus clair on ne construit pas l’avenir à la place de quelqu’un. Chacun est
maître de son destin,
-être
un lecteur perpétuellement affamé car comme le dit l’écrivain français Marcel
Proust le goût de la lecture croît avec l’intelligence,
-pour
les réseaux sociaux et autres blogs, un étudiant pourra suggérer la
consultation de sites internet à ses amis et aux enseignants en mentionnant
l’adresse url ou le raccourci,
J’espère que la jeunesse estudiantine sera à la
hauteur du défi et de l’espérance que la société ivoirienne attend d’elle.
Et comme le disait Mahatma Gandhi, étudiant ivoirien : « Sois
le Changement que Tu veux voir dans le Monde. » Ce n’est pas un
choix, c’est un Devoir.
(*)Publié
par le quotidien gouvernemental Fraternité Matin en deux parties en ses
numéros 14.459 et 14.460 du samedi 6 et lundi 8 octobre 2012 à la page 3 dans
sa rubrique « Débats et Opinions »
(*) Extrait du tapuscrit d'un opuscule en préparation : Pour l'avènement de l'Etudiant Nouveau
Je ne puis qu'aller dans le même sens que toi. L'université nouvelle implique un étudiant nouveau. Et cela devrait aussi passer, nécessairement, par la constitution d'associations estudiantines moins syndicalistes qu'intellectuelles.
RépondreSupprimerMerci Cher ami ! Félicitations pour ton livre publié !
RépondreSupprimerLe Maître Confucius disait " Un chien n'est pas un bon chien parce qu'il aboi bien ! " autrement dit ce n'est pas par des discours qu'on donne de l'éclat à sa vie mais par des actes et la Pensée créatrice est un acte salvateur et salvifique !
Le Penseur