On ne naît pas orateur, on le devient. Jetez vous à l'eau et apprenez à Parler !
ISOCRATE (436-338 av. J.-C.), célèbre Orateur et enseignant
grec.
« La crainte de l'échec ne saurait paralyser le goût de l'effort, et un naufrage ne donne pas forcément raison aux navires qui refusent de prendre la mer. »
Dr. Simplice DION, auteur de
l’ouvrage : Les Paroles ou les
balles. Convertir ou punir le tyran, Éditions Balafons, 2012
Les
philosophes et spécialistes de la communication qui ont planché sur la question
sont sans appel : au moins 85 % de notre réussite dans la vie dépend de
notre habileté à communiquer avec les autres. S’il est évident qu’il y a
plusieurs moyens de communication, aucun n’est plus utilisé et plus efficace
que la Parole. Dans l’un de ses célèbres ouvrages intitulé Comment trouver
le leader en vous Dale Carnegie ne dit pas le contraire : « Les
idées les plus brillantes au monde sont sans valeur si vous ne les partager
pas. (…) C’est la capacité relationnelle qui stimule les autres. C’est elle qui
transforme de grandes idées en action. C’est elle qui rend tout possible.(1)»
« A quoi sert d’avoir des idées si on ne sait pas les exprimer ? »
demandait Epictète le stoïcien. Fonction intellectuelle et spirituelle, la
Parole marque l’homme dans son caractère social et le démarque de l’animal.
Après le travail et le sommeil, c’est à la Parole qu’il consacre le plus grand
nombre d’heures dans une journée, à la dire ou à l’écouter. Moyen d’expression
et de communication indispensable, la Parole permet donc de marquer la société
de sa personnalité et de multiplier ses contacts avec ses membres. Selon Martin
Heidegger « L’être humain parle. On dit que l’homme possède la Parole
par nature. L’enseignement traditionnel veut que l’homme soit, à la différence
des plantes et de la bête, le vivant capable de Parole. Cette affirmation ne
signifie pas seulement qu’à côté d’autres facultés, l’homme possède aussi celle
de parler. Elle veut dire que c’est bien la parole qui rend l’homme capable
d’être le vivant qu’il est en tant qu’homme. L’homme est homme en tant qu’il
est celui qui parle, Guillaume HUMBOLT, l’a bien dit.(2)» Voilà qui
est clair. En outre, le Verbe est l’architecture de l’humanité (Cf. Genèse
I, 3). Selon le mythe grec, c’est Zeus qui apporta, par l’entremise d’Orphée,
l’art oratoire en plus de la politique aux hommes, afin qu’ils ne se détruisent
pas mutuellement car Prométhée venait de leur donner le feu qu’il a volé dans
les forges d’Héphaïstos, dieu olympien du feu et des forgerons. C’est donc
l’origine mythique des arts prométhéens ou de la technique. L’éloquence est
dans son essence un principe de Culture et de Civilisation. Le Dr. Simplice
DION, enseignant-chercheur à l’université de Cocody, (Président du Concours
National d’Art Oratoire) aime à dire qu’« Il faut prescrire les armes
de la dialectique et proscrire la dialectique des armes. » Combien ne
sommes-nous pas déçu quand nous écoutons une importante personnalité pourtant
reconnue, respectée, et réputée dans la société comme étant l’une des
meilleures dans son domaine de compétence, mais qui a des difficultés quand il
s’agit de parler en public. Je sais que vous voyez le scénario. Pas de
commentaire !
Les
sophistes d’Athènes affirmaient que « tout se dispute et se discute,
dans un universel retournement des arguments.» Quoi qu’on leur reproche les
sophistes ont le mérite d’avoir été les « premiers mercenaires »
du Verbe. Platon à multiplié les critiques contre eux et ils ont été pour
responsables de la crise morale qui traversa Athènes. Le mot même de sophiste a
vite pris une valeur péjorative qu’il a gardée. Jacqueline de Romilly les
réhabilite en ces termes : « les sophistes sont les
premiers à avoir fait de la relativité des connaissances un principe
fondamental et à avoir ouvert les voies no seulement de la libre pensée,
mais au doute absolu dans tout ce qui est métaphysique, religion ou morale(3)»
Selon Aristote, la rhétorique est un instrument de culture, un art de dire et
de vivre. Le travail lucide sur l’art de persuader est donc un humanisme. Pour
ce dernier, la « rhétorique consiste dans la faculté de découvrir tous
les moyens possibles de se faire croire sur tous sujets; la dialectique est
l’art de la discussion organisée, l’instrument des sciences, la rhétorique,
l’art du discours public, l’instrument de l’opinion, l’éristique l’art de la
controverse. » Et Cicéron de renchérir : « C’est notre
unique, ou meilleur avantage sur les bêtes sauvages, que de parler entre nous
et de pouvoir, par le langage, exprimer nos sentiments. Aussi rien n’est plus
admirable, rien ne doit mériter plus d’efforts que de vaincre les hommes
eux-mêmes, là où ils l’emportent sur les bêtes. (De Oratore, 1,
8, 30)»
Permettez-moi
ce conseil : ne refusez jamais les occasions qui se présentent à vous de
parler en public. C’est en pratiquant ce qu’on apprend théoriquement qu’on
s’exerce et s’améliore. Plus vous vous exprimerez devant un auditoire, plus
vous apprendrez à manier cet outil suprême d’influence, de commandement et de
communication qu’est la Parole. Le triptyque de l’art oratoire consiste à
CONVAINCRE, ÉMOUVOIR et faire MOUVOIR les Hommes pour atteindre des objectifs.
Retenez-le : il n’y a pas d’orateur né par conséquent on ne naît pas
orateur, on le devient. Tout réside dans l’apprentissage et l’entrainement
dans l’action. Parler en public n’est pas un droit, c‘est un
privilège. Il faut donc le mériter et s’en montrer digne. Savoir parler
cela coûte, il faut le savoir. L’objectif n’est pas d’être plus brillant que
les autres mais d’être meilleur que vous ne l’êtes aujourd’hui. Suivons
l’exemple du Grec Démosthène (comme Aristote il naquit en 384 et mourut en 322
av. J.-C.) qui dut accomplir bien des efforts pour savoir parler en
public : « il se mit des cailloux dans la bouche pour travailler
l’articulation, hurla contre les flots afin d’acquérir de la puissance vocale,
s’enferma et se rasa le crâne pour mieux travailler, se piqua l’épaule avec la
pointe d’une épée dans le but de corriger un tic nerveux, il fit des folies
pour réussir à être écouté ! » Alors en cas de découragement,
penser à Démosthène. Dès lecture de ce texte, mettez vous à l’œuvre et apprenez
à parler.
En
guise de conclusion, méditons ensemble cette vérité éternelle énoncée par
Napoléon HILL, célèbre auteur américain du best-seller Réfléchissez et
devenez riche : «Après avoir étudié plus de 25.000 cas
d’échec, on a pu démontrer que le MANQUE DE DÉCISION venait presque toujours en
tête de la liste des 30 causes majeures de l’échec. L’INDÉCISION est un ennemi
que, presque tous, nous avons à vaincre. »
NOTES :
1)- CARNEGIE Dale, Comment trouver le leader en vous, Madrid, Litografia Roses, 2009, p.30
2)- HEIDEGGER Martin, Acheminement vers la Parole, Gallimard, 1981, p.13
3)- ROMILLY Jacqueline de, Les grands sophistes dans l’Athènes de Périclès, Paris, Editions de Fallois, 1988, p.338
(*) Publié
par le quotidien gouvernemental Fraternité
Matin le lundi 11 février 2013 dans la rubrique « Le Débat du jour » page 2, N°14. 460
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire