« La Femme porte l’Afrique » Documentaire réalisé par Idriss DIABATÉ |
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« La société humaine ressemble à un oiseau, avec ses
deux ailes : l’une masculine et l’autre féminine. Il ne peut voler que si les
deux ailes sont développées de manière égale » Confucius,
philosophe chinois
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Trois
pensées pourraient aisément résumer la quintessence de notre réflexion ci-après :
d’abord celle du poète français Louis Aragon : « La Femme est l’Avenir de l’Homme. » Ensuite celles du poète
égyptien Ibrahim Hafiz (1032-1872) : « Eduquer une femme, c’est éduquer toute une Nation » et enfin
« Si les Femmes d’un pays sont
averties, son Peuple sera éclairé. ». Ces pensées profondes de sens
montrent avec éloquence une évidence dont ce serait un truisme de rappeler ici.
Mais pour la nécessité de l’analyse la voilà le plus clairement exprimer sous
la plume de Venance Konan (Grand Prix Littéraire de l’Afrique Noire 2012),
Directeur général de Fraternité Matin
et, qui dans un récent éditorial intitulé « Emergence 2020. Sortir de notre histoire (1)» écrivait :
« Nous m’émergerons jamais tant que
nous n’aurons pas libéré nos femmes… Nous ne pourrons jamais avancer en gardant
dans les chaînes de nos traditions cette moitié de notre humanité.» Voilà
qui a le mérite d’être clair en affirmant sans ambages une vérité évidente par
elle-même. Notre thèse comme notre intime conviction est
celle-ci : La Femme est l’avenir de notre Démocratie et nous
n’atteindrons jamais le développement si nous ne travaillons pas à son plein
épanouissement. Quelques arguments pour démontrer cette évidence.
Dans notre pays par exemple les femmes ont
acquis une quasi hégémonie dans plusieurs secteurs d’activités comme la
production de vivriers et leur commercialisation. Leurs principaux handicaps à
ce jour sont : l’analphabétisme, le manque de moyens financiers (l’accès
difficile au crédit) et certaines de nos pratiques culturelles (excision) qui
empêchent leur accès à la terre et viole leur dignité. Concernant les deux
premières difficultés nous pensons qu’il est un devoir pour l’Etat ivoirien d’encourager
et de soutenir les différents centres d’alphabétisation. Il serait souhaitable
que ces centres soient crées en partenariat avec les coopératives agricoles de
femmes surtout en milieu rural. Concernant l’accès au crédit bancaire, nous
saisissons l’opportunité pour exprimer nos sincères félicitations à la Première
Dame de Côte d’Ivoire qui vient de
mettre à la disposition des ivoiriennes le Fonds d’Appui aux Femmes de Côte
d’Ivoire doté d’un montant d’un milliard dont le lancement a été fait le 14 décembre
2012 avec des facilités de remboursement. Nous sommes convaincu que
l’indépendance financière aidera nos sœurs, mères, épouses en résumé nos braves
femmes à vivre dignement et épanouies. Ce qui apportera indubitablement un
bien-être à notre société. A propos de la nouvelle loi sur le mariage, nous
pensons que c’est un acte fort allant dans le sens de l’amélioration de la
condition féminine. Pour l’édition 2013 de la célébration de la journée
internationale de la femme le thème national retenu est « Hommes et Femmes, ensemble pour une Côte
d’Ivoire réconciliée ». Ce qui, dans notre contexte où les tensions
sont encore si vives, tombe à point. Dans une réflexion antérieure nous avions
déjà donné notre point de vue sur la responsabilité et le rôle des femmes dans
le processus de réconciliation nationale et de construction d’une Paix Durable.
Nous reprenons ici de façon synthétique notre réflexion. Nous avons toujours
défendu que nos femmes ont un très grand rôle à jouer dans le processus de
réconciliation en cours. Non seulement elle donne la vie donc elles en
connaissent la fragilité et la sacralité mais surtout parce que la famille est
le premier lieu de socialisation de l’enfant et comme le dirait le
psychanalyste « l’enfant est le père de l’homme » parlant de
l’importance de l’enfance dans la formation de la personnalité humaine. En
Afrique très particulièrement, les femmes sont le pilier de la famille ;
plusieurs ethnies en Côte d’Ivoire sont fondamentalement matriarcales.
Contrairement aux apparences, les femmes ont une influence dont on mesure
difficilement et dont on minimise très souvent l’influence sur leurs maris et
leurs enfants dans la gestion de la famille dans nos sociétés urbaine comme
rurale. Aux femmes, nous voulons
simplement dire qu’à celles qui donnent la vie aux Hommes il appartient en
premier le devoir de les changer. Nos Femmes sont donc à l’évidence l’avenir de
notre Démocratie pour une raison simple : dans toutes nos sociétés
traditionnelles africaines la femme a une importante indéniable dans l’activité
économique donc dans la vie de leur pays. C’est le lieu d’interpeller toutes
les femmes leaders, notamment la Coalition des Femmes Leaders de Côte d’Ivoire
(qui organise bientôt une importante cérémonie intellectuelle et économique
dont le thème est « Paix et
Développement, Rôle des Femmes. Défis majeurs pour l’Afrique ») dans
quelques domaines d’activités où elles exercent à propos leur responsabilité
dans le sort de la jeune fille ivoirienne. Nos Filles ont besoin de modèles de
réussite dignes et intègres et de valeurs parmi lesquelles le Travail, le
Courage, l’émulation…(2). Nous devons donc impérativement préparer nos filles à
assumer cette lourde responsabilité. Comme le disait Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme on le devient. (3)»
Nous proposons : l’institution d’un Prix National d’Excellence à l’école
et dans les secteurs activités où les femmes s’investissent ; une journée nationale
du mérite de la jeune fille scolarisée en plus de l’octroi de bourses d’étude.
Construire d’autres établissements de référence pour les filles dans plusieurs
régions. Nous avons le devoir de veiller à leur plein épanouissement à travers
l’éducation car nos filles d’aujourd’hui seront nos femmes de demain et de leur
sort dépend l’avenir de notre démocratie qui est une condition sine qua non de
notre développement. Pour nous, la
démocratie est un concept « à problème et qui fait problème » pour
parler comme Pierre Rosanvallon. Il appartient donc à chaque Peuple de lui
donner le contenu adapté à son expérience historique et selon sa Culture car il
n’y a pas de modèle idéal à copier, à importer ou à imposer ou encore de
« démocratie prêt-à-porter ».
Néanmoins il y a des valeurs universelles pour le bon fonctionnement de toute
véritable démocratie, valeurs auxquelles il faut éduquer le peuple et surtout
la jeunesse féminine pour la préparer à être des Femmes accomplies et
conscientes de leur responsabilités demain. Comme l’affirmait l’actuel
président des États-Unis d’Amérique dans son discours lors de sa visite au
Ghana en 2009 : « Comme je l’ai dit au Caire, chaque nation
façonne la démocratie à sa manière, conformément à ses traditions. Mais
l’histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la
volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la
coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui
ne le font pas. ».
La prochaine célébration de la journée
internationale de la femme (le 8 mars) devra donc nous rappeler notre
responsabilité envers la Femme pour que nous soyons vraiment un pays émergent à
l’horizon 2020 selon la vision de nos autorités.
NOTES :
(*), Extrait d’un
ouvrage en préparation : «La Femme, avenir de notre Démocratie »
(1)-KONAN Venance,
« Émergence 2020 : sortir de
notre histoire », Fraternité
Matin, N°14.459, du samedi 9 et dimanche 10 février 2013, p. 2
(2)-
Cf. notre contribution « Quelles
valeurs inculquer à la Jeunesse ivoirienne ? » par Fraternité Matin,
les mercredi 16 et jeudi 17 janvier 2013 en ses numéros 14.439 et 14.440.
(3)- Simone de Beauvoir, Le
deuxième sexe 1, Paris, Gallimard,
1949, p. 285
Article publié par le quotidien gouvernemental Fraternité Matin le jeudi 7 mars 2013 en son numéro 14.481 page 2 rubrique "Le Sujet du Jour "
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